Salut à tous !
Devant l'enthousiasme général pour les figurines précédemment postées sous "divers - serait-ce anti-fluffique ? ", et pour étayer son propos, Gilles Fournaises à l'honneur de soumettre votre sagacité le p'tit Fluff qui sera le ciment de sa bande de répurgateurs. Hé oui, je pars du principe qu'avant de ce lancer dans une aventure, faut penser à tout. (bon, ok parfois ça me joue des tours : j'ai juste mis 6 ans pour demandé à ma femme de m'épouser : lol: !)
NB : j'ai agrémenté mon texte d'image qui correspondent aux figurines qui m'ont inspiré et que je vais peindre, mais ne correspondent donc pas à mes œuvres pour l'instant. Bien entendu je complèterais ultérieurement ce post en y additionnant mes fig peintes en bonne et due forme.
PS : je ne suis pas chez moi actuellement, et ma connexion est un peu m... bref, pour votre confort et celui du machiniste, je pense être contraint de poster en plusieurs fois. Aussi, la direction vous remercie de bien vouloir attendre le mot "FIN" avant de poster vos observations...
Et si j' trouve un gnoblard pour s'marrer, j'le fume !!!
D'avance, merci pour votre indulgence, et bonne lecture (Accrochez-vous je ne sais pas me passer des détails ! )
- LA MAIN DE SIGMAR -
Eléanore est d'une origine modeste. Ses parents tenaient avec elle et ses six jeunes sœurs l'auberge du sanglier d'airain en bordure de la forêt de Talabec, non loin du village de Halfbourg situé à deux jours au Nord de Hergig.
C'était une famille soudée par l'Amour, et unie dans le travail et la piété, leur parents ayant à cœur de transmettre une saine éducation à leur enfants.
A vrai dire, l'auberge faisait partie d'un corps de ferme relativement important, que le père d'Eléanore avait réhabilité, et qui faisait la fierté de toute la famille. Il comportait l'auberge avec vingt-cinq lits, une écurie de douze boxes, une grange et une petite forge où leur père officiait également en tant que maréchal-ferrant.
Ses parents avaient commencé petit, mais la générosité de leur table et leurs efforts constants pour offrir des services d'honnête qualité, avaient vite rendu leur établissement incontournable dans la région, de sorte qu'il n'était pas rare que des voyageurs fassent un détours pour profiter de leur hospitalité.
Les choses s'étaient encore accélérées, depuis que son Altesse Impériale, Karl Franz, leur avait consenti l'octroi d'une charge de relais-postal et de diligence, au point qu'il arrivait au père d'Eléanore de ne plus regretter de n'avoir eu que des filles, tellement l'hôtellerie avait pris d'importance.
Toutes mettaient la main à la pâte : Alix et Myriam s'occupaient de la lingerie et du ménage, Agathe et Bérengère s'occupaient du service de la salle commune, Laurianne aidait leur mère aux fourneaux près desquels dormait encore la petite dernière : Mathilde qui avait tout juste 8 mois.
Eléanore qui était l'aînée, secondait son père dans toutes les autres tâches, notamment pour tenir le comptoir et pour l'entretien des écuries et des chevaux.
Bien qu'elle n'ait eu que dix-sept ans, elle avait acquis de multiples talents à force d'observation : le soins des animaux n'avait plus de secret pour elle, elle savait aiguiser une lame aussi bien que son père, et maîtrisait quelques notions de lettre qui lui permettait de lire et faire des comptes simples. Elle ne savait cependant pas faire une once de cuisine correcte, et rechignait à prendre soin de son apparence (un vrai garçon manqué : des cheveux ébouriffés et les mains abîmées comme celles d’un homme, elle portait toujours des chausses), au désespoir de sa mère qui s'inquiétait de pouvoir la marier un jour.
Le travail était parfois arasant, mais toutes donnaient toujours le meilleur d'elles mêmes. Eléanore veillait sur ses jeunes sœurs, et les remplaçait de bon cœur lorsqu'elles ployaient sous l'importance des tâches.
Leurs parents conscients de leurs efforts, ne manquaient pas de leur témoigner leur reconnaissance en les emmenant tour à tour au village lorsqu'ils partaient pour se ravitailler.
A l'époque, Eléanore ne savait pas se battre.
Bien sûr avec son père, elle avait déjà dû repousser plusieurs fois les loups affamés qui s'approchaient dangereusement des écuries en hiver. Une fois aussi, il avait été contraint d'apprendre à sa fille quelques rudiments du maniement d'arme (les poignards surtout), après qu'elle ait due essuyer les avances un peu brusques d'un client enviné que ses formes naissantes ne laissaient pas indifférent... mais rien de comparable à ce qu'elle affronterait régulièrement désormais.
Sa vie avait basculé un soir d'automne il y a tout juste un an.
Toute la journée, l'auberge avait été en effervescence, car le lieu avait été choisi par le bourgmestre local pour la célébration des noces de sa fille avec le fils du drapier.
Deux des trois oncles d'Eléanore étaient même venus pour donner un coup de main : Oncle Karl, garde chasse de son état, et Oncle Lothaire mercenaire, toujours prêt à se distraire quand il ne louait pas déjà ses services.
Eléanore aimait le premier pour son calme et bon sens. Elle appréciait beaucoup Lothaire aussi, parce qu‘il prenait toujours le temps de lui apprendre un nouveau tour de passe-passe.
Oncle Wolfgang, capitaine de la garde de Wolfenburg n'avait pu se libérer.
Oncle Karl.
Oncle Lothaire.
Les noces furent célébrées au zénith, en Grande pompes (on lacha plus de vingt tourterelles!). Après la célébration, le père Archibald - Grand prêtre de Sigmar - qui avait officié décida cependant de ne pas rester pour le festin car le temple de Sigmar le plus proche était tout de même à une petite demie-journée de cheval, et il valait mieux voyager de jour, les craintes d'un hiver rigoureux ayant déjà poussé des malandrins à multiplier les attaques contre les voyageurs imprudents. Les routes n'étaient plus sûres, même pour un homme de dieu.
Cinq hommes dont la piété ne pouvait être mis en doute, se portèrent donc volontaires pour escorter la calèche du saint homme. Parmi eux figuraient oncle Karl et oncle Lothaire, qui promirent de revenir pour le soir même.
Le banquet fut une vraie réussite : pour l'occasion, pas moins de six sangliers, un chevreuil et trois oies avaient été préparés et une bonne douzaine de tonneaux mis en perce.
Les stocks de chandelles avaient été prévus pour tenir jusqu'à l'aube, la nuit raisonnait des cris d'ivresse et de gaieté.
Le bourgmestre Ferdinand avait vu les choses en grand pour le mariage de son unique fille, engageant même une troupe d'artistes ambulants pour réjouir ses convives : illusionniste, troubadour, jongleur, acrobate, et autre bossu en tenue d'arlequin ne cessaient de faire rire l'assemblée aux éclats.
Tout le monde s'était couché tard, et les cendres du foyer étaient encore chaudes lorsque survint le drame.
Eléanore qui s'était endormie dans la remise de la forge (faute de place elle avait du laisser sa chambre à des convives) recroquevillée contre les briques encore chaudes du foyer, fut réveillée par les hennissements angoissés des chevaux, suivit de peu par un cri quasi inhumain... elle reconnue tout de suite la voix de sa mère. Nouant ses chausses, elle saisi un marteau sur l'établit de son père et s'élança vers l'auberge.
C'était une nuit sans lune et un brouillard épais était tombé sur le bourg.
Hormis quelque soûlards qui cuvaient sur ou sous une table, la salle commune semblait vide. Pourtant quelque chose clochait : personne ne ronflait, il n'y avait pas un bruit autre que celui du battement de son propre cœur ... Une drôle d'odeur flottait dans l'air, une odeur âcre qui vous saisit la gorge. Eléanore essayait d'identifier sa provenance, lorsqu'elle s'aperçu qu'elle pataugeait dans une marre de sang. Ses yeux s'étaient maintenant habitués à la pénombre et elle compris avec horreur que cette marre était alimentée par de nombreuses rigoles. Hébétée, elle n'était pas sûre de comprendre. Elle posa son marteau sur le comptoir, et s'approcha d'un convive affalé sur la table la plus proche, pour tenter de le réveiller. Sans réponse, elle lui releva la tête : à la base du coup une plaie béante lui souriait ... Étouffant un cri, elle lâcha le corps qui tomba lourdement au sol.
Eléanore recula et buta sur un autre corps inerte...
Prise d'angoisse, elle s'élança alors dans les escaliers qui conduisaient aux chambres, et une chambre après l'autre pu constater l'horreur de la situation : tous les convives qui étaient restés dormir avaient été égorgés dans leur sommeil !
Elle monta un étage plus haut dans les appartements de ses parents : mais ils étaient vides !
Elle s'arrêta un instant dans la chambre de ses cadettes, prise de sanglots. Où étaient-ils tous passés ?
Un nouveau cri la sortie de sa torpeur. Cette fois elle en était sûr ça venait de la grange, pourquoi ne s'y était-elle pas arrêtée tout de suite ?
Avalant ses larmes, elle dégringola les escaliers aussi vite que ses jambes pouvaient la porter.
Arrivée dans la salle commune, elle porta une manche sur son nez, traversa d'un trait la pièce saisi au passage le marteau resté sur le comptoir et enfila dans sa ceinture un poignard qui gisait là sur une table.
Dehors la température semblait avoir encore baissé, et avec la brume, le froid s'insinuait sous ses vêtements.
Une lueur rougeoyante dansait entre les jours des planches de la grange.
Eléanore connaissait bien le bâtiment pour y avoir souvent joué étant plus jeune.
D'instinct elle se dirigea vers les écuries car elle savait qu'il lui serait facile de passer du toit de ses dernières aux combles de la grange pour s'introduire discrètement dans le bâtiment.
Qui fut dit fut fait.
A l'intérieure, il faisait humide et chaud. Une odeur de chair brûlée assailla ses narines. Elle s'approcha de la bordure de la mezzanine en rampant dans la paille, se répétant sans cesse l'un des préceptes de son père : "ne pas confondre vitesse et précipitation, ne pas confondre vitesse et précipitation, ne pas..." ce qu'elle vit lui coupa le souffle : de sa position en surplomb, elle distinguait sans peine une douzaine de corps cloués aux murs de la grange, nus et déchiquetés, pour certains béants, des symboles découpés au poignard sur leur peau... Certains ne semblait même pas encore mort ! Elle écarquilla les yeux et reteint un hoquet d'effroi : parmi eux, son père et plus loin sa mère !! Son cœur se serra...
Qui pouvait commettre de telles abominations ?
Son regard embué de larmes se porta sur le centre de la pièce, cherchant des coupables à châtier...
Ils étaient là, les saltimbanques engagés par le Bourgmestre ! En cercle autour de l'illusionniste, entrain de psalmodier des paroles gutturales incompréhensibles...
Au sol un immense pentacle à cinq branches avait été tracé avec de la paille trempée dans du sang.
Au bout de chacune des branches du pentacle, près d'un acolyte tenant un flambeau : un corps blême, sans vie, était déposé à même le sol, qui déversait son sang... Eléanore reconnu ses sœurs. Un étourdissement la pris...
Ceux sont les clameurs des saltimbanques qui la firent revenir à elle.
L'illusionniste qui semblait être le maître de cérémonie vociférait à présent des clameurs reprises en cœur par la troupe.
Devant lui, au centre du pentacle, un énorme brasero sur lequel il déposait à intervals réguliers les cœurs qu’il arrachait des poitrines des pauvres êtres qui étaient suspendus aux murs de la grange.
Eléanore retint ses nausées... Les clameurs s’amplifiaient... et dans l'atmosphère une tension quasi palpable s'intensifiait pour converger vers l'autel sacrilège.
Eléanore chercha à rassembler ses esprits pour comprendre ce qui se tramait. Parmi tout ce que ses parents lui avaient transmis, il y avait la foi en la Justice de Sigmar.
Elle se remémora son catéchisme : "Qui peut être assez fou pour braver la Justice de Sigmar ?" avait-elle un jour demandé. "Seul les mécréants et les adeptes du chaos peuvent commettre de telles folies" lui avait répondu le père Archibald. Manifestement, les membres de la troupe qu'elle observait avaient choisi leur camp. Ils méritaient donc d'être châtier.
Mais que faire ? Elle réfléchissait : aussi loin qu'elle se souvienne, tous ceux qu'elle avait entendu conter au bar les défaites du chaos, clamaient que les adeptes du Mauvais devaient être purifiés dans le feu de Sigmar, et que ce dernier reconnaissait les siens !
Elle regarda autour d'elle. Derrière elle, dans un coin des combles étaient entassés un dizaine de tonnelets de suifs que son père gardait pour la fabrication des chandelles. Une idée lui vient. A plat ventre, elle se tourna en direction des tonnelets et commença ramper pour les atteindre.
Elle était arrivée à mi- parcours, lorsqu'un cri de bébé retenti. Eléanore tressailli, ses pensées se bousculaient dans sa tête : le pentacle n'avait que cinq branches ! C'était Mathilde qu'elle entendait ! Ces monstres allaient sacrifier le dernier membre de sa famille !! Elle repris son souffle et pressa le mouvement.
L'air de la grange était devenu suffocant : à présent une forte odeur de souffre flottait dans les airs, et l'atmosphère même semblait crépiter d'étincelles.
Eléanore saisi quatre tonnelets qu'elle porta tant bien que mal, et retourna accroupi vers le bord de la mezzanine en faisant le moins de bruit possible.
Une sorte de faille semblait maintenant crépiter au dessus du brasero et des éclaires d'énergie en jaillissaient. Les acolytes semblaient en transe, ils s'étaient dévêtus et se scarifiaient les membres avec des poignards aux formes improbables.
"L'illusionniste" brandissait effectivement la petite Mathilde qui pleurait tout son saoul et toussait, asphyxiée par les vapeurs nauséabondes du brasero.
Eléanore retint son souffle et évalua la distance et l'effort à fournir pour atteindre le brasero avec les tonnelets. Il lui faudrait bien y mettre toute ses forces !
Elle n'eut plus le temps de penser : une main griffue venait de jaillir de la faille d'énergie en direction du bébé !
Ses muscles se raidir et tout son corps se défit de sa soif de vengeance, propulsant le tonnelet droit sur le brasero, face à l'illusionniste !
Le baril se disloquât avec fracas sur les braises, libérant le suif qui pris feu encore plus aisément qu'Eléanore l'aurait voulu !
En bas la surprise était totale : L'illusionniste éclaboussé avait à pris feu, mais ne voulait pas lâcher l'enfant pour ne pas rompre le sortilège !
Les adeptes pourtant effrayés par les hurlements de leur maître, essayaient tant bien que mal de continuer à psalmodier.
Eléanore, saisi les trois autres tonnelets et bombarda vigoureusement trois autres profanateurs. La confusion gagna et les deux acolytes encore valides quittèrent le cercle pour tenter d'éteindre le feu de leurs congénères.
A l' instant la faille se referma, emportant l’écho d’un long râle de frustration de la bête qui se voyait refuser l'entrée de cette dimension.
Au sol trois corps brûlaient, et le feu gagnait la grange. Mais où était passé l'illusionniste ? Eléanore n'eut pas le temps de se poser plus de question. Face à elle se trouvait à présent l'un des acolytes valides qui avait escaladé l'échelle d'accès aux combles. C'était le bossu en tenue d'arlequin. Il était immonde avec ses dents cassés, et son oeil torve. Son torse gras et nu arborait de multiples cicatrices aux formes symboliques, et de son ventre suintait encore du sang par une plaie béante. Il se jeta avec rage sur Eléanore qui bondit sur le côté pour l'éviter. L'infernal bonhomme se rattrapa avec la souplesse d'un diable. Il se jetait pour la seconde fois sur Eléanore lorsqu'elle aperçu du coin de l’œil une fourche plantée dans le foin. Elle l'a saisi et la teint fermement pointée vers son agresseur qui laissa échapper un hoquet de surprise lorsqu'il s'enfila sur l'arme improvisée. Avec un sourire carnassier il en saisi cependant le manche pour s'en défaire.
Eléanore ne lui en laissa pas l’occasion et de toutes ses forces poussa sur la fourche pour précipiter l'assaillant du haut de la mezzanine.
Ils tombèrent ensemble, et l'impact de la chute fut suivit d'un grand trou noir.
Lorsqu'elle repris connaissance, elle était au chaud dans un lit, des bandages la serraient à la taille et au bras droit. Oncle Karl qui veillait sur elle depuis déjà deux jours, lui indiqua qu'ils étaient dans le temple de Sigmar de Hergig. Sur sa demande, il lui conta la fin de cette terrifiante journée.
Lothaire et lui étaient encore à deux lieues de l'auberge, lorsqu'un des hommes - Fernand, le frère cadet du Bourgmestre de Halfbourg - aperçu au loin une lumière rougeoyante dans leur direction. Dans l'air une odeur caractéristique de chaire brûlée flottait. Alarmée, la troupe se mis au grand galop.
Lorsqu'ils arrivèrent c'était une véritable fournaise : le feu de la grange s'était propagé aux écuries et menaçait l'auberge. Les chevaux étaient morts asphyxiés par les fumés ou brûlés, certains s'étaient rompus les os en tentant de s'échapper.
Elle devait sa vie à la seule volonté de Sigmar, et à la bravoure de Lothaire qui n'hésita pas à bondir dans la grange en flammes pour voir s'il restait une âme qui vive.
Elle avait été retrouvé inanimée sous une poutre en flammes qui menaçait de rompre. Près d'elle gisait l'un des saltimbanques le corps transpercé de part en part par une fourche.
Les Cinq cavaliers étaient effondrés : tous avaient eut le temps de constater par eux-mêmes l'étendue du malheur qui s'était abattu sur la maisonnée, et tous ne pouvaient qu'imaginer le drame qui s'était joué en cette terrible nuit.
Le choc passé, il fut convenu que les corps encore entiers seraient enterrés dans le champs voisin, les autres étant incinérés dans le feu de la grange et des écuries que l'on circonscrirait. Fernand, aidé de Rudolf et Berthold - des jumeaux, fils du meunier Gontrand - commencèrent donc leur labeur de fossoyeurs. Karl et Lothaire tâchaient de leur côté d'abattre les poutres principales des écuries de sortes qu'elles s'effondrent sur elles-mêmes et ne contaminent pas l'auberge.
Quand ils eurent terminé, Karl rassembla encore quelques effets ayant appartenu à son frère et père d'Eléanore, notamment une dague au manche de corne, garni d'une gemme. Il pris également quelque vêtements pour Eléanore dans l'armoire de sa mère.
Pendant ce temps, Lothaire tentait de récapituler le nom des victimes avec l'aide de leurs trois compères. Le total était affolant : pas moins de quarante trois corps avaient été retrouvés, dont le Bourgmestre Ferdinand, et ceux de douze enfants.
Tout le monde ici avait perdu des membres de sa famille. Si ce n'était l'épouse ou un enfant, c'était un frère ou une sœur.
Leur besogne achevée, ils repartirent vers Halfbourg apporter la triste nouvelle, puis vers Hergig où ils retrouvèrent le père Archibald et purent apporter les soins nécessaires à leur nièce.
Deux jours c'étaient écoulés depuis, et Karl et Lothaire avait eut le temps de faire prévenir leur frère aîné Wolfgang, qui ne devait plus tarder présent.
Karl lui révéla également avec beaucoup de tact qu'elle n'était pas sortie indemne de cet affrontement et que malgré les soins des novices du temple, elle porterait certainement encore dans sa chaire, la marque des brûlures infligées par la poutre qui l'avait fait prisonnière du brasier. Elle devrait encore garder le lit un jour ou deux. Eléonore lui sourit douloureusement puis s’endormit.
Oncle Wolfgang arriva le lendemain. Cela faisait déjà cinq ans qu’elle ne l’avait pas revu. Il avait encore perdu des cheveux, mais sa moustache et ses favoris s’étaient encore étoffés. Il lui tenait la main lorsqu’elle se réveilla. C'était une force de la nature, et le voir si ému de la perte de sa famille fit vaciller le cœur d'Eléanore. Sans un mot, il lui baisa le front, et la laissa se reposer.
Oncle Wolfgang.
Elle resta alité encore deux jours entiers. Au matin du troisième jour, elle fit mander une servante pour l'aider s'habiller, et rejoignit ses oncles dans la salle commune. Elle les trouva tous les trois en grande conversation, en train de déjeuner. Ils l'accueillirent avec force sourire et embrassade. Eux n'avaient pourtant pas l'air très reposés.
Après le repas, une réunion fut décidée à la demande du père Archibald qui les attendait dans la grande bibliothèque du temple. Fernand, Rudolf et Berthold étaient aussi présent. Ils avaient troqué leur habits de fêtes abîmés contre de simples robes de bure. Leurs traits étaient tirés et leurs yeux hagards semblaient vides de vie, traumatisés par la perte de leurs proches.
Le saint homme paraissait fatigué lui aussi, et soucieux.
Il les salua et se tourna vers Eléanore pour s'enquérir de sa santé.
Rassuré sur son état, il invita ses hôtes s'asseoir et la pria de bien vouloir leur relater les évènements passés, sans omettre le moindre détails, de sorte qu'ils soient tous à même de porter un jugement éclairé sur la situation.
Eléanore s'exécuta. Marquant des pauses lorsque les larmes lui venaient, elle raconta tout : les cris, sa découverte de l'auberge morte, son introduction dans la grange, les corps profanés, ses parents, ses sœurs, la troupe et le culte sacrilège, la faille et la main griffue, puis le feu qu'elle propagea et son combat contre le bossu.
Elle leur conta aussi que la petite Mathilde était encore en vie avant qu'elle ne perde connaissance.
On n‘avait pourtant pas retrouvé de corps de bébé, ni d‘ailleurs celui de l'illusionniste ou du dernier de ses sbires. Ils avaient manifestement réussi à s'enfuir avec l‘enfant.
Karl serrait si fort ses poings, que ses jointures blanchissaient.
Un silence suivit, que le père Archibald fut le premier à briser :
" Mes enfants, vous savez désormais les détails du drame qui nous a frappé. Ces évènements sont d'autant plus préoccupant, qu'ils ne sont pas les premiers. Les Forces du Chaos gagnent du terrain chaque jour. On m'a rapporté ce matin même qu'un évènement semblable s'est déroulé près d'Altdorf, il y a près d'un mois. Le peuple ne se sent plus en sécurité, et il ne croit plus en rien. Les gens déraisonnent, et préfèrent s'abrutir dans l'alcool et le pécher plutôt que de réagir en s'organisant la vie saine qui est le fondement du courage à trouver pour s‘opposer aux exactions du Mauvais. Tout cela facilite les agissements des forces obscures qui gagnent nos contrées, et ne prennent même plus la peine d'agir à couvert. "
Il frappa du poing sur la table : "Cela ne peut plus durer !" Tous aquiécèrent.
" Mais que faire ?" demanda Lothaire. "Ils doivent pourtant être puni pour leur forfaits ! " gronda Karl...
" Bah, l'Empereur ne se soucis pas d'escarmouches, serait-ce contre des adeptes du chaos, il a trop faire avec les peaux vertes actuellement" déclara Wolfgang.
" A notre échelle, il existe un moyen", repris le saint homme. J'ai obtenu du Grand Théogoniste lui-même l'autorisation de former avec sa bénédiction une milice de répurgateurs pour poursuivre et châtier les infidèles et réhabiliter le culte de Sigmar dans le cœur de notre bon peuple. " …
" Qu'en dites vous ? "
Les yeux de Wolfgang s'embrassèrent, et des sourires entendus s'affichèrent sur les mines des trois Oncles. Fernand, Rudolf et Berthold bondirent comme un seul homme, il semblaient avoir brusquement repris vie...
" Et moi ?" questionna Eléanore. "Il est hors de question que je reste ici faire du tricot !! Je réclame la Justice de Sigmar ! Je veux poursuivre l'immondice qui m'a pris ma famille et m'a ravi ma sœur ! "
" Je connais ta famille depuis plus de vingt ans, Eléanore", repris le père Archibald. " Votre piété et votre droiture sont exemplaires. Ta Colère est juste mais elle t'aveugle pour l'instant. Tu n'est pas encore prête à te joindre à tes Oncles."
Eléanore serra les dents : " Mais j’ai au moins autant de raisons qu’eux de vouloir traquer ces monstres !! "
Les trois Oncles se regardèrent.
" Nous pourrions la former mon père." avança Karl.
" Vous êtes des guerriers, et même si votre foi est grande, elle défaillera un jour devant les abominations que vous allez devoir affronter" répondit sèchement le saint homme. "Cette petite a besoin de trouver des repères solides, et de grandir en force et en sagesse pour exercer un jugement sans faille".
" J'apprendrai mon père, je suis prête à tout subir pour que d'autre n'endurent pas ce que j'ai du traverser !! " repris Eléanore.
Il la regarda intensément...
" Très bien, Eléanore, tes paroles reflètent t'as pureté d'âme et tes actes ont déjà montré ta bravoure. En outre ta vertue est intacte, n‘est-ce pas ?."
Surprise, Eléanore senti le feu gagner ses joues. Elle opina du chef.
Le vieux prêtre pris son visage entre ses mains rugueuses :" Mon Enfant, tu dois comprendre que la vie que tu appelles de tes vœux n'est pas la vie de délices et de volupté qui sied aux jeunes femmes de ton âge. Veux-tu vraiment renoncer la quiétude de tes semblables ? Sauras-tu te montrer aussi forte et inébranlable que l'exige ce serment ? "
" Je m'y engage mon père. Une partie de mon être s'est brisée la nuit où j'ai perdu tous mes proches. Désormais, je ne serais en paix qu'en préservant la quiétude du bon peuple, en restaurant sa Foi, serait-ce contre sa volonté. Et s'il y a une chance de reprendre ma sœur ses ravisseurs…" une larme roula sur sa joue.
Archibald soupira : "Tes Oncles te formeront donc aux maniement des Armes et tu pourras laver l'honneur de ta famille" - "Mais je vous adjoindrai mon plus fidèle serviteur, frère Adémar. Il sera votre conseil spirituel et votre confesseur. Par ailleurs il me tiendra informé de vos avancés. Ensemble, vous serez comme les cinq doigts d'une même main, la Main de justice que j'enverrai sur les terres de l'Empire".
Frère Adémar.
"Pour l'heure reposez-vous. Les prochains jours seront rudes. Dès ce soir vous prononcerez le Serment du Sacré-Service du Temple. Demain vous retournerez à l'auberge, déterrerez les corps de tous les convives et vous les brûlerez pour éviter qu'ils ne se relèvent à la prochaine lune noire. Puis vous prendrez la route de Talabheim, car c'est la dernière direction vers laquelle on m'a signalé un carrosse de cirque ambulant".
En sortant de la grande Bibliothèque, Oncle Wolfgang la pris part les épaules "Viens fillette, j'ai quelque chose à te montrer".
Docile, Eléanore le suivit. Il la mena aux écuries du temple. Dans un coin, quatre chiots jappaient gaiement. A peine Eléanore avait-elle mis un genou à terre qu'ils étaient sur elle pour lui lécher le visage et les mains. Eléanore éclata de rire. "Ils sont à toi, Eléanore, leur mère est décédée en les mettant au monde le soir où je quittais la garnison. J'y ai vu un signe et les ai pris avec moi. Ceux sont des Dogues de combat. Prends soins d'eux et ils seront tes plus fidèles alliés."
Ses souvenirs dataient d'un an déjà et les jappements de ses chiens étaient désormais ses seuls réconfort. Ses oncles la formaient continuellement, de sorte qu'elle maîtrisait aujourd'hui autant les armes blanches que les armes à feu. Elle savait aussi bien esquiver que retourner sa force contre l'ennemi. Par ailleurs, Sa connaissance des écritures sacrées progressait chaque jour.
Un an seulement... et ils avaient tous tellement changé.
Changés dans leur apparence d’abord. Sous de lourds manteaux noirs à capuche bordée de fourrure, ils avaient adopté des tenues de cuir souple et des chemises de mailles voire des pièces d‘armure. Elle même tâchait de rendre hommage à sa mère en alliant aux impératifs guerriers, la féminité d’un corsage de cuir, et une coupe de cheveux plus soignée. Seuls Fernand, Rudolf et Berthold qui ne les avaient pas quitté depuis le Temple avaient conservé leurs tuniques de bure, à présent passablement sales et usées. Le maniement régulier des fléaux et autre armes lourdes avait considérablement augmenté leur masse musculaire, ce qui ne dénotait finalement pas avec leur cheveux et leur barbe hirsute et faisait d'eux des adversaires plus impressionnant que jamais.
Changés dans leur mental ensuite, car ils s’étaient endurcis. Ses Oncles autrefois d’humeur si joviale étaient désormais sérieux et presque paranoïaques. Leurs compagnons de douleur, eux, gardaient le silence depuis qu’ils avaient prononcé les vœux de flagellants. Enfin, en ce qui la concernait, sa détermination dans la traque des infidèles se renforçait chaque jour. Par ailleurs, sa nature féminine et sa finesse d’esprit s’étaient révélés de véritables atouts pour aborder le peuple, et l’avaient vite imposée comme leader charismatique au sein de leur bande. Elle savait tempérer les excès, trouver les consensus et fédérer les troupes.
Leur réputation les précédait désormais, et plus personne n'osait plus dire à la légère qu'il allait "vous mettre la Main dessus", car l'expression était devenue une véritable menace.
Dans l'embrasure du porche, le soleil allait se coucher, il était temps de se préparer affronter les ténèbres une nouvelle fois.
Ses oncles toujours silencieux avant de combattre, vérifiaient le tranchant de leurs lames. Eléanore, noua ses cheveux, boucla son ceinturon et vérifia sa poudre.
Frère Adémar qui avait coiffé sa mitre de braise leur fit signe de se rassembler pour les bénir une dernière fois. Fernand, Rudolf et Berthold s'approchèrent également.
Après une année entière de traque dans tous l‘Empire, ils étaient finalement arrivés dans la Cités des Damnés.
Ils allaient enfin obtenir justice.
Making Off :
J'ai mis un après midi pour écrire ces quelques lignes, et environ 2h pour réajuster certains passages. Je pensais aux différentes scènes en écoutant des musiques telles celles du groupe "ERA", ou la BO de Gladiator, ou encore celle de Christophe Colomb 1492...
Voilà pour la théorie, reste à acquérir certaine figurine et surtout à les peindre aussi bien qu'elles le méritent.
je précise encore, que la figouze du prêtre guerrier sera converti comme elle est illustré sur le p'tit montage ci-dessus. Et que pour les fig d'Oncle Lothaire et Oncle Wolfgang, qui sont en réalité celles de Uli et Marquand (mais je les kif tellement que j'ai sauté sur l'occasion lorsque je les ai trouvé sur iB ) je pense les peindre dans un schéma plus proche de celui-ci :
Enfin, pour les flagellants, j'ai en fait 3 fig différentes, mais rien de peint pour l'instant, et vraiment pas beaucoup de temps IRL...
Voili voilou, c'est à vous et Merci d'avoir pris le temps de tout lire ! (ah, heu oui
) - FIN -.